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LE CINEMA ET LA MUSIQUE EN HAUTE DEFINITION
13 août 2010

Strapping Young Lad - 2005 - Alien

Strapping Young Lad - 2005 - Alien

 

 

1. Imperial 02:17
2. Skeksis 06:42
3. Shitstorm 04:21
4. Love? 05:43
5. Shine 05:13
6. We Ride 02:37
7. Possessions 04:12
8. Two Weeks 03:28
9. Thalamus 03:58
10. Zen 05:02
11. Info Dump 11:56

Chronique19/20

"Sois le maître et le sculpteur de toi-même" disait Nietzsche.
Devin Townsend semble avoir totalement assimilé cette doctrine dès le plus jeune âge. Car force est d’admettre qu’il sera resté tout au long de sa carrière (aujourd’hui en sursis) intègre et fidèle à son éthique : toujours innover et présenter une musique en totale adéquation avec son état d’esprit.

C’est ainsi que naîtra sous le nom de Strapping Young Lad 
deux albums cultes : Heavy as a Really Heavy Thing et surtout le démentiel et inhumain City, sorti voilà dix ans et résonnant dans la tête de beaucoup de metalleux comme LE symbole d’extrémisme musical ; une musique à la fois extrêmement brutale (le mot en devient presque faible), expérimentale ou atmosphérique dans un enrobage industriel pour un résultat simplement unique et jusque là inaccessible. Qui pouvait se targuer de produire une telle sauvagerie en incorporant des mélodies pourtant si limpides, et ce Devin Townsend hurlant comme personne ne l’avait fait avant lui, ne véhiculant non pas la haine mais la folie. Oui, de la folie pure, simple et totalement barge.

Alors, comment entretenir le mythe et accueillir objectivement un nouvel album lorsque l’on dispose d’un passé aussi glorieux et ne disposant que de trois œuvres (il n’est même plus question de nommer ça simplement par le terme d’album) ?
Personnellement, je croyais avoir entendu beaucoup de choses, et j’avoue que je m’attendais à beaucoup encore une fois mais sans doute pas de cette façon. Car que de changements chez ces canadiens fous.

Si 
City et l’éponyme S.Y.L représentent l’adolescence, la rébellion et le rejet des normes, Alien se traduit comme étant l’âge adulte, la dissolution des utopies, la compréhension d’une société ne pouvant de toute façon plus changer, d’une destruction déjà programmée.
La musique si folle et bordélique des débuts a laissé place à une expression bien plus humaine, plus pachydermique et artistique, créant le premier disque capable de déloger 
City de son fauteuil d'album culte.

Le titre d’ouverture est simplement extraordinaire. "Imperial" martèle de son rythme saccadé et lourd, avant de nous emporter dans une spirale de voix très agressives et grognées d’une manière presque Black. Difficile de comparer une telle musique à un groupe déjà existant tant elle est unique. Mais il ne s’agit là que de l’introduction avant que ne déboule le monstrueux "Skelkis", habile mélange entre la brutalité des débuts et une nouvelle maturité mélangée dans des couches de bruits et d’effets tous plus pervers les uns que les autres. Considéré comme le morceau préféré de son créateur, il s’agit d’une longue aliénation de sept minutes très progressive dans sa construction, montant en puissance et explosant aux alentours de deux minutes pour laisser la place à un chant bien plus émotionnel que par le passé, c'est-à-dire à la fois très violent mais dans le même temps complètement désabusé, comme s'il crachait sa haine envers ce monde mercantile. Le son est également bien plus clair que par le passé, et beaucoup plus tranchant, tout en gardant une richesse sans pareille.

Puis arrive "Shitstorm", que l’on ne pourra éviter de comparer à "Oh my Fucking God
" de City. Une agression sonore incroyable, démarrant sur un riff ultra rapide de Jed Simon, où Gene Hoglan montre qu’il est probablement l’un des plus grands batteurs du monde. A l’écoute de cette merveilleuse et jouissive furie, on se dit simplement que l’on vient de toucher de très (vraiment très) près l’essence la plus pure de la schizophrénie et de la folie (quel chanteur ! à en rester sans voix !). De plus, Devin expérimente dans la production en proposant le phénomène de l’aspiration-explosion du son, conférant à cet opus l’impression qu’il vit, qu’il respire et… explose en un véritable dédale de sonorités où l’on croirait qu’il y a plusieurs morceaux en superposition.
Mais outre cette démence et cette rapidité, le quatuor a pris le temps de considérablement alourdir ses atmosphères, comme le témoigne le jubilatoire "Love ?", très moderne dans ses riffs (rappelant quelques peu l’univers de Ocean Machine
). Une introduction certes directe mais laissant place à quelques chœurs angéliques, avant que ne déboule le hurlement tétanisant de Devin, réalisant sur ce titre une de ses plus grandes performances vocales à mon humble avis (du moins dans la diversité des registres, passant du hurlé au clair d’une beauté sans nom). Un break de fou vient parachever ce chef d’œuvre de cinq minutes (son clip est d’ailleurs très intéressant et dérangeant, je ne vous en dis pas plus…).

Mais brutalité sera-t-il le maître mot de cet opus ? Et bien non, et c’est bien là que les fans crient à l’injustice. Mais pourquoi ? Qui a dit que Strapping Young Lad se devait d’être le gardien de la brutalité, qui à part les fans ?
C’est donc pour cela que Devin et Gene ont décidé d’évoluer et d’aérer Alien
, avec l’intégration du magnifique et planant "Two Weeks", qui pourrait sortir tout droit de Terria. Unique, simplement quelques claviers (ayant pris beaucoup plus de place sur cet opus et encore plus sur le prochain The New Black), quelques accords acoustiques et la voix sainte et divinement belle d’un Devin touché par la grâce.
Le démentiel et cinglé "Zen" terminera d'anéantir ce qu’il vous reste d’oreilles dans un déchainement de décibels bien peu approprié au nom de la chanson. Un titre paradoxal car sans doute le plus violent (quelle partie de batterie ! Inimaginable de technique) mais possédant des lignes vocales une nouvelles fois très pures sur le refrain, et provoquant un contraste dérangeant prenant véritablement aux tripes.

Car c’est un disque ne s’écoutant pas aisément et cette chronique ne voit le jour qu’un an après l’acquisition de son œuvre. Une écoute épuisante car très émotionnelle et demandant une attention de tous les instants, et ne dévoilant ses nombreux secrets que si l’on désire les découvrir, comme la remarque concernant les lignes vocales de Zen", cela est très loin d’être immédiat. Il existe de nombreuses lectures possibles et, à l’instar d’une grande œuvre littéraire, il pourra se prendre tel quel, c'est-à-dire un album bourrin et jouissif de par cette brutalité ou alors comme une œuvre d’art sans doute inaccessible à certains à cause justement de cette immense complexité.

Mais n’est-ce pas la définition de l’art ?

Lien téléchargement: http://www.megaupload.com/?d=S1ONWQGD

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